Rarement un aussi mauvais livre aura été doublé d’un délire idéologique aussi nauséabond. J’ai pourtant lu presque tous les thrillers de Chattam, mais les autres se contentaient d’être de bons divertissements, un peu gores, flirtant peut-être un peu trop avec cette pseudo-science qu’est la criminologie, obsession américaine à chercher une explication à son taux de criminalité qui n’implique pas le système en lui-même. La Trilogie du Mal est désormais un classique du genre, même s’elle vieillit mal, et se lit plutôt bien les soirs d’orage. La patience du Diable, dernier méfait de Maxime Chattam, squatte les têtes de gondoles de toutes les librairies avec la promesse de vous offrir le même frisson. Afin de vous éviter de payer cher cet épais torchon, je l’ai lu pour vous.
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Archives de Catégorie: Malakoda
Demain Berlin, roman d’un écrivain vivant
Oscar Coop-Phane est un type énervant. Un jeune con prétentieux qui clame à qui veut l’entendre qu’il ne lit « que les auteurs morts », autrement dit qu’il est assez stupide pour se passer du puissant vertige de Joyce Carol Oates ou de la verve vénéneuse de Marc-Edouard Nabe. Notons qu’avec l’allongement de l’espérance de vie ses lectures vont finir par se faire rares : il est certainement le seul lecteur sur Terre à avoir accueilli la mort de Garcia Marquez par un élégant : « Putain c’est pas trop tôt ! » Lire la suite
Louise Erdrich brise le silence
Les romans de Louise Erdrich sont de ceux qui vous frappent à l’estomac et vous laisse un bleu à l’âme longtemps après. Ils sont une main qui tantôt caresse, tantôt frappe, ils sont forts et doux, tortueux et directs, nourris par la colère du peuple Amérindien, de ses blessures, d’une Histoire douloureuse, mais aussi d’une culture riche, vivante, foisonnante. Héritière d’une tradition orale ancestrale, la littérature de Louise Erdrich réveille pour nos yeux l’âme d’une Amérique qui existait bien avant l’arrivée des premiers colons. Son dernier roman, Dans le silence du vent, qui a reçu l’an dernier le prestigieux National Book Award, est certainement l’un des plus forts d’une auteure déjà comparée à William Faulkner, Toni Morrison et Gabriel Garcia Marquez. Lire la suite
Et plus vite que ça Père Noël !
Jingle bells jingle bells
Jingle all the way!
What fun it is to ride
In a one-horse open sleigh ♪
Wiiseko
En ce mois magique de décembre chers lecteurs, l’équipe de Mais Livrez Vous va vous faire un petit article spécial.
Le thème n’est pas difficile à deviner: Une sélection de Noël !
Si vous êtes en panne d’inspiration pour offrir des cadeaux à vos proches, des idées en voulez-vous, en voilà : Nous allons chacun donner une liste de 5 livres qui nous avons aimés et qui peuvent faire de beaux présents.
Comme nous sommes une équipe très complémentaire dans les goûts et les couleurs, ils y en aura pour tout le monde.
Je me permets de commencer en vous présentant mes choix pour le Père Noël. Je les aborderais en nommant les membres de la famille à qui ils pourraient convenir, mais après chaque personne est juge. C’est parti :
① Pour ta douce Maman: Quartier Lointain de Jiro Taniguchi
Transporté dans la peau de l’adolescent qu’il était à 14 ans, Hiroshi redécouvre son passé en questionnant sa famille et ses amis. Il le revit également, et lorsque le jour approche où son père a disparu sans explication, Hiroshi se demande s’il peut changer ce passé ou s’il doit le revivre, impuissant.
Tu désespères de voir ta mère ne pas comprendre ta passion du manga. Avec Jiro Taniguchi, le problème est réglé ! Le plus européen des mangakas a écrit moults récits, tous plus sublimes les uns que les autres. Mais il ne fallait en choisir qu’un. Mon choix s’est donc porté sur Quartier Lointain. C’est le plus connu de tous, et sans doute le plus accessible. Il a même gagné l’Arph-Art du meilleur scénario à Angoulême en 2003.
Porté par le sublime dessin de Taniguchi, cette histoire de voyage dans le temps bien particulière est touchante et pleine de philosophie. Passionnante, elle atteindra même les non-initiés au manga.Contrairement à d’autres récits de Taniguchi (il a écrit pas mal de one-shot) , Quartier Lointain est en deux tomes. Mais l’intégral existe aux éditions Casterman.
②Pour ton cool Daddy: Blacksad de Juanjo Guarnido (dessin) et Juan Diaz Canales (scénario)
Blacksad est comme tous les “privés”, désabusé et sans illusion. À un détail près : c’est un… chat, qui trimballe sa silhouette et ses idées généreuses dans l’Amérique des années 50. Il a perdu pas mal de ses illusions sur le monde qui l’entoure. Mais cela ne l’empêche pas de se battre pour un peu plus de justice.
J’ai beaucoup hésité avant de mettre Blacksad dans ma sélection. Après tout, la BD est déjà très connue, -généralement- encensée par la critique, elle a déjà reçu de nombreux prix, j’aurais pu peut être trouvé autre chose. Mais nom de poney poilu, cette série est tellement bonne ! Rien qu’à l’idée que certaines personnes puissent passer à côté de ce chef d’œuvre, mon poil d’ours se hérisse d’effroi.
John Blacksad est un chat noir, détective privé. Les histoires prennent place dans les états-unis des années 50 ; à ce jour, la série compte 5 tomes, et chacun aborde un thème de l’histoire américaine en particulier.
Blacksad c’est LA bande dessinée policière. J’aurais même envie de dire, c’est LA BD, tout court.
J’ai trouvé tout les tomes excellents, parfaitement maitrisé, que ce soit dans la narration ou le découpage. Les scénarios sont parfaits et le dessin … oh mon Dieu ce dessin ! Il est extraordinairement beau. Chaque album dégage une ambiance qui lui est propre, ils ont chacun leurs propres sujets et lieux mais à chaque fois, les cases fourmillent de détails, les personnages sont splendides de charismes et les couleurs vous en mettent plein les mirettes.
Certain pourraient ne pas être attirés car c’est du dessin animalier. Mais GRAVE erreur. Ils passent à côté d’une des meilleures séries de BD du moment.
③ Pour ton frère : City Hall de Guillaume Lapeyre (Dessin) et Rémi Guérin (Scénario)
Imaginez un monde où tout ce que vous écrivez prendrait vie. Imaginez maintenant qu’un individu utilise cette arme avec les plus sombres desseins… À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, les forces de police de City Hall n’ont d’autre choix que de faire appel à deux des plus fines plumes de Londres : Jules Verne et Arthur Conan Doyle !
City Hall, c’est un global manga des éditions Ankama, et nous montre bien que nous autres français, nous aussi, on peut faire du manga. Et du bon !
Changeant des blockbusters habituels, ce shonen nous emmène dans un univers futuriste et en même temps rétro, en mélangeant technologies de pointes et personnages du 20éme siècle. Le tout, porté par une ambiance très steampunk. Le dessin est très beau et sert très bien l’histoire.
Le point fort de cette série est sans contexte son originalité. Faire du papier, l’arme la plus dangereuse au monde, et réussir avec brio à y mêler Victor Hugo, Conan Doyle et d’autres personnages qui n’auraient jamais pu se rencontrer en vrai est un vrai coup de maître.
L’action est présente, les rebondissements nombreux, les héros intéressants et charismatiques … Bref, j’ai peux de chose à redire sur cette série, elle est vraiment très très
bonne.
En plus, Ankama nous a fait l’honneur de nous sortir un coffret de la saison 1 de City Hall (en 3 tomes) avec des jaquettes exclusives vraiment très belles et un note-book compris.
④ Pour ta sœur : Forever Bitch de Diglee
Louise, bientôt la trentaine, en couple, partage ses drames émotionnels avec son BGF (Best Gay Friend) et ses deux meilleures potesses aux caractères diamétralement opposés : Maud, Mère Teresa du plan cul depuis sa rupture avec l’ex-potentiel-homme-de-sa-vie, et Audrey, maquée avec son prince charmant… au grand dam de Maud, viscéralement mais secrètement jalouse de tant de niaiserie doucereuse.Diglee revient. Après deux BD semi-autobiographiques, elle s’intéresse cette fois à la vie de ses amies. Portrait des jeunes femmes d’aujourd’hui, elle axe son regard sur l’amour, le sexe, les sorties. La BD ne se prend pas au sérieux, mais il y a certains passages plus sensibles, qui abordent des questions que beaucoup se posent aujourd’hui. Comme savoir si, dans un monde de consommation et d’obsolescence programmée, un couple peut vraiment durer toute une vie. Il est juste dommage que le récit ne s’y penche pas plus.Mais on retrouve avec plaisir le trait de Diglee, et on passe un très bon moment de lecture. Les fans de Margaux Motin et autre Pénélope Bagieu apprécieront.
⑤ Pour un fan du Japon : Hayao Miyazaki, cartographie d’un univers
L’œuvre de certains artistes entre de leur vivant dans l’imaginaire collectif. Le mangaka et réalisateur japonais Hayao Miyazaki (Nausicaa, Mon Voisin Totoro, Chihiro, Ponyo…) est l’un d’entre eux. De la Toei aux studios Ghibli, il a imposé, en plus de quarante ans de carrière, une vision singulière et nuancée du monde, de l’homme et de la société. Respectant la volonté de l’auteur de n’être jugé que sur ses créations, cet ouvrage prend le parti d’explorer l’imaginaire de Miyazaki et d’en rechercher la cohérence interne. Grâce à une analyse minutieuse des personnages, motifs et thèmes récurrents, la chronologie de ses œuvres est mise en perspective, tant sur la forme que sur le fond, pour aboutir à une véritable cartographie de son univers, placée sous le signe du voyage initiatique et de la magie intérieure. Une étude qui replace également cette production dans son contexte, non pas historique ou biographique, mais culturel : inspiré tant par sa propre société que par les pays du soleil couchant, Miyazaki se trouve aujourd’hui au cœur d’un dialogue, à la fois textuel et visuel, entre Japon, Europe et États-Unis.
Malakoda
22/11/63, Stephen King
Jack Epping, professeur d’anglais à Lisbon Falls, promet à un ami mourant d’empêcher l’assassinat de Kennedy. Le voilà alors propulsé des années en arrière, en 1958. Une uchronie dans l’Amérique des sixties par Stephen King ? Et si… L’art de recréer l’Histoire doit être manié avec un certain tact, le risque de tomber dans la farce étant très grand. On ne reconnaît aujourd’hui qu’à certains écrivains ce très grand talent. Le maître du haut château du grand Philip K. Dick est un exemple notoire d’uchronie réussie. Et d’après l’unanimité des critiques sur 22/11/63, nous en tenons un deuxième. Une occasion pour Stephen King de décortiquer un peu plus les maux de l’Amérique contemporaine, à travers l’un des plus grands traumatismes que le pays ait connu.
Comme dans la plupart des romans de Joyce Carol Oates, c’est un destin de femme qui est écrit dans ce roman de la frêle géante des lettres américaines. Mudgirl, abandonnée par sa mère dans un marais, recueillie par une famille de Quacker, deviendra Meredith et première femme présidente d’université, jusqu’au jour où sa brillante carrière, les intrigants du milieu universitaire et une certaine rigidité morale vont la mener au doute. J’avais adoré son recueil Le musée du Dr. Moses et le sublime La fille du fossoyeur, il n’y a donc pas de raison pour que je n’adhère pas à ce roman qui est d’ores et déjà décrit, à l’instar de Blonde, comme un classique de la littérature nord-américaine.
L’Onde Septimus, Blake et Mortimer tome 22, scénarisé par Jean Dufaux, dessiné par Antoine Aubin et Etienne Schréder
Une suite à La marque jaune ? By Jove ! Le retour d’un mythe ! L’intrigue commence juste après l’album mythique d’Edgar P. Jacobs pour se terminer un peu avant L’affaire Francis Blake. Tandis que Mortimer ne parvient pas à percer le secret de « l’onde Mega », découverte du professeur Septimus, alias « La marque jaune », des admirateurs du savant fou se réunissent pour comploter. Grand fan de la série, je le veux, je l’exige. Tout de suite !
Dans le silence du vent, Louise Erdrich
« Si ce livre est une sorte de croisade, galvanisée par la colère de l’auteur, c’est aussi une œuvre littéraire soigneusement structurée, qui une fois encore rappelle beaucoup Faulkner. » The New York Times
Ai-je besoin d’en dire plus ? Quand l’une des plus belle voix du « renouveau amérindien » publie un roman, chez moi, c’est un évènement. Portant depuis bientôt trente ans la mémoire, les plaies et la colère des amérindiens, Louise Erdrich poursuit une œuvre à la fois poétique et revendicatrice. Quand François Busnel l’interrogeait, pour ses fabuleux « carnets de route », sur le rôle de l’écrivain, la désormais lauréate du National Book Award répondait : « Résister. Résister au rêve Américain. C’est ça, le rôle de l’écrivain. » Ou la littérature comme rempart aux certitudes.
Une surdouée. Mo Hayder est une surdouée du polar anglo-saxon. Et son détective, Jack Caffery, est l’un des meilleurs personnages de « flic » de cette littérature pourtant très dévoyée ces temps-ci. Dans un hôpital psychiatrique, des patients victimes d’hallucinations se donnent la mort, hantés par le fantôme de « la Maude », infirmière sadique qui torturait les résidents, du temps où l’établissement était encore un hospice. Mon attirance coupable pour les intrigues sombres et bizarres a auparavant été amplement comblée par cette auteure, dans le poisseux Pig Island, ou encore dans Birdman. Je n’en attends pas moins de Fétiches.
Galinean
Il faut de tout pour faire un monde ! Et selon cet adage, j’ai décidé, quant à moi, de vous présenter cinq livres bien différents les uns des autres. Du roman jeunesse au classique, en passant par l’heroic-fantasy, il y en aura vraiment pour tous les goûts !
Le premier ouvrage que je vous propose est un roman, un classique de la littérature anglaise : il s’agit de Persuasion, de Jane Austen. Il s’agit de l’un des derniers romans de la célèbre auteure d’Orgueil et préjugés, et à mon avis, l’un des meilleurs. Une romance façon XIXème siècle, tout en bals et mondanités, dans laquelle le lecteur est transporté du début à la fin par la plume splendide de l’auteure. Ce roman est idéal pour les adeptes de la littérature classique anglaise du XIXème siècle, mais aussi pour les fans de romance à l’ancienne. C’est aussi un très bon début pour découvrir l’oeuvre de la grande Jane Austen.
La Quête d’Ewilan, Pierre Bottero
Le second livre à mettre sur votre liste de Noël est en réalité une trilogie complète (car, soyons honnêtes : si je vous mettais uniquement le premier tome, vous y perdriez beaucoup). Il s’agit d’une saga d’Heroic-Fantasy, catégorisée en jeunesse mais qui, à mon sens, peut être lue à tout âge : La Quête d’Ewilan, de Pierre Bottero. Ces livres sont pour moi une véritable bible de la littérature fantastique pour la jeunesse : un style poétique, un récit captivant et des personnages incroyablement attachants, voilà la recette de ce succès. La trilogie a été rééditée récemment sous la forme d’un omnibus regroupant les trois tomes, ainsi que quelques bonus inédits. Rien que pour le visuel de l’objet, cela vaut le coup de l’avoir dans sa bibliothèque !
Dix petits nègres, Agatha Christie
Le troisième livre que je vous suggère est un classique du roman policier, écrit par la plus grande auteure du genre : il s’agit de Dix petits nègres, d’Agatha Christie. Je suis une grande admiratrice d’Agatha Christie, et vous pouvez me croire : de tous les livres de cette auteure que j’ai pu lire, celui-ci est pour moi le meilleur. Le suspense est maintenu jusqu’à la toute dernière page, et croyez-moi, une fois votre lecture commencée, vous ne pourrez plus lâcher ce livre avant de l’avoir terminé ! C’est un excellent roman pour tous les fans de littérature policière, à découvrir ou redécouvrir sans se lasser.
Les amants de Samaroux, Natasha Farrant
Le quatrième livre de ma liste de Noël est un roman historique plutôt destiné aux adolescents : Les amants de Samaroux, de Natasha Farrant. L’action se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale, dans un petit village de la France libre : Samaroux. On y suit deux jeunes adolescents qui, au mépris de la guerre et des tourments, vont connaître leur premier amour… mais la guerre reste la guerre, et tout peut basculer à tout moment. Basé sur des faits réels, ce roman émouvant donne fort à réfléchir, et permet aussi de se remémorer les sombres évènements de cette période de notre histoire. Un roman idéal pour les amateurs de romance, ainsi que pour les jeunes qui s’intéressent à tout ce qui touche de près ou de loin à cette période.
La Rose Écarlate, Patricia Lyfoung
Et enfin, je pique un peu de travail à ma copine Wiiseko puisque le cinquième livre de ma liste s’avère être une bande-dessinée, ou plus précisément une saga de BD : La Rose Écarlate, de Patricia Lyfoung. J’ai commencé à lire cette série alors que j’étais au collège (autant vous dire que ça commence à dater), et depuis je suis toujours aussi fan. Les dessins sont superbes, et même si l’intrigue peut parfois paraître un peu bateau, les personnages sont si attachants et drôles que l’on ne peut qu’adhérer. Ces BD sont plutôt jeunesse, donc à destiner à un public adolescent. Mais après, rien ne vous empêche de les lire si vous êtes plus âgés : j’ai bientôt vingt ans, et personnellement, je ne m’en lasse pas !
L’appel du coucou : J.K. Rowling sous couverture
Je suis un véritable amoureux de polar. En général, j’aime bien le polar à l’ancienne, le polar tendance Thierry Jonquet ou Fred Vargas, avec ce bon vieux personnage de détective très singulier, ses lumières, ses démons, cette ambiance mouillée de la pluie et de la lumière des lampadaires, la ville et ses coins sombres… Et puis ce morceau de Jazz que j’entends toujours, à la Nestor Burma, ce sax mélancolique dont la musique s’écoule sur le pelage d’un chat de gouttière… Polar. La tendance sociale, aussi, à expliquer le crime, non par la méchanceté pure, mais par la vie et l’usure. Seulement ces derniers temps, le polar a cédé à la tendance très américaine du thriller. Le thriller, c’est un peu de polar, pas mal de sang, et si dedans vous arrivez à mettre une secte satanique et des sacrifices humains, vous gagnez le jackpot. Je ne jette la pierre à personne, il m’arrive d’en lire, c’est fun, c’est dégoûtant, ça fait un peu peur, bref : c’est distrayant. Mais ça devenait stupide. Une sorte de mimétisme : tout le monde écrivait son thriller. Alors quand j’ai entendu que J.K Rowling, sous le pseudonyme de Robert Galbraith, avait écrit un polar « à l’ancienne » acclamé par la critique, et bien, j’ai sauté dessus. Lire la suite
Docteur Sleep : Stephen King réveille « le Shining »
Plus de trente-cinq ans d’attente. Enfin, pas pour moi, bien entendu, je ne suis pas assez âgé (ne me foudroyez pas) pour avoir lu la première édition de Shining, roman culte, classique de la littérature fantastique, classique du cinéma, également, par l’adaptation pourtant très controversée qu’a réalisé Stanley Kubrick. Autant vous dire que c’est un peu comme si, au hasard, Bram Stocker revenait d’entre les morts pour donner une suite à son Dracula, et éviter à son arrière-petit-neveu Dacre Stoker d’accoucher de ce truc mou et plat – du sous-Twilight sous amphet – qu’il a osé nommer Dracula l’immortel. Mais je m’égare. Et au vu de la teneur de ses derniers livres, j’étais plutôt optimiste. Cellulaire avait été une nuit d’effroi, Dôme (dont l’adaptation télévisée est actuellement diffusée sur M6 – lisez quand même le livre, bande de feignasses) avait été le troisième plus gros choc littéraire de ma vie (numéro un : Proust. Numéro deux : Givre et sang, de John Cowper Powys), au point que j’ai même failli ne pas le terminer tellement me terrifiait cette angoissante chronique de la montée du fascisme, et Nuit noire, étoiles mortes un plaisir intense : quatre nouvelles virtuoses sur la vengeance et la culpabilité. Stephen King, dans une telle verve, écrire la suite de Shining, la nouvelle ne pouvait pas plus m’enchanter. Lire la suite
« La grâce des brigands » – Véronique Ovaldé
Avant toute chose, je dois avouer que, ayant lu la plupart de ses livres, je suis un véritable fan de Véronique Ovaldé. Ainsi, cette critique sera tout sauf objective, et de toute manière, une critique objective, c’est un peu comme un mauvais Vargas : ça n’existe pas. L’objectivité, c’est ce grand concept creux qui permet surtout à des journaux de faire passer leurs idées politiques sous une neutralité de façade (suivez mon regard). Ainsi, la meilleure critique littéraire qui puisse exister est une critique subjective, ou du moins qui ne fait pas semblant de ne pas l’être, mais qui donne assez d’éléments au lecteur (oui, toi, chéri) pour que celui-ci puisse s’en faire lui-même une idée. Le but du critique n’est pas de rallier le lecteur à sa cause, mais de faire acheter un livre en échange de quelques pots-de-vin de la part de l’éditeur (Non, je blague, mais si un éditeur est intéressé, on peut vous envoyer par mail le numéro d’un compte en Suisse). Le but du critique, disais-je avant d’être lamentablement interrompu par moi-même, est de donner son avis, donc d’avertir le lecteur qu’il manquerait un chef d’œuvre à ne pas lire ce livre, ou au contraire qu’il perdrait de précieuses minutes de vie, voire même une conséquente somme d’argent, à se procurer cette ignoble bouse, tout cela en lui laissant la liberté de décider par lui-même de suivre, ou non, notre divin critique.
Une place à prendre, J.K. Rowling
Vous allez finir par croire que je pars en croisade pour sauver tous les livres injustement traités par la presse. « Banal » pour les uns, « plein de clichés » pour d’autres, le premier roman « adulte » de J.K. Rowling, Une place à prendre, a eu un accueil plutôt glacial. Ai-je besoin de préciser que beaucoup de critiques ont rédigé leur petite bafouille avant même de l’avoir lu ? J’en veux pour preuve le formidable canular qu’a tendu l’écrivain britannique aux médias cette année, en publiant sous le pseudonyme de Robert Galbraith un roman policier intitulé The Cuckoo’s Calling, ou, en français, L’appel du coucou (sortie chez Grasset le 7 octobre), un roman encensé par la critique (et c’est peu dire, certains ont même comparé ce livre à Chandler ou Agatha Christie)… avant que l’on découvre que l’auteur de ce roman n’était autre que Rowling. Je vous en parlerai dès que je l’aurai lu (cette fois en anglais).
La madeleine d’Amélie Nothomb
Elle est probablement l’écrivain francophone la plus sous-estimée. La plus injustement méprisée. Il est rare, par exemple, de trouver un professeur de littérature qui « avoue » aimer les livres d’Amélie Nothomb, et à dire vrai je n’en connais qu’une seule. Il est de bon ton, du Nouvel Obs à Libération, de dire : « Amélie Nothomb n’est qu’un phénomène commercial, un personnage médiatique, nous préférons la littérature. » La littérature. Oui, tiens, la littérature. Ceux qui accusent Amélie Nothomb de parler plus d’elle que de ses livres sont les mêmes qui, d’une part, passent des heures d’interviews à lui poser des questions sur elle plutôt que sur ses livres et, d’autre part, abordent rarement le contenu du livre dans des critiques qui tiennent plus du crachat snobinard que de la véritable critique littéraire – résumé, analyse, avis argumenté. Il n’est pas très difficile de dénicher la raison de ce mépris. C’est un mal très français que de mépriser toute œuvre qui dépasserait un certain seuil de vente, ce qui en ferait assurément une œuvre « populaire » et ce n’est pas bien, non, parce qu’on le sait tous, tout ce qui sort de l’aristocratie mediatico-intellectuelle parisienne n’est qu’une masse bêlante, stupide et inéduquée, prête à se jeter comme un troupeau sur tout produit dont elle aurait vu la réclame à la télévision. Il flotte dans l’air comme des relents d’ancien régime. Alors, je ne vais pas m’étendre plus sur le sujet, ni sur l’œuvre que j’ai la prétention de trouver fascinante et profonde. Je laisse France Culture vous le prouver en cinq heures d’émission enregistrées cet été à l’occasion du Marathon des Mots, festival littéraire toulousain. (partie 1 – partie 2)