Docteur Sleep : Stephen King réveille « le Shining »

doctor sleepBrillant !Plus de trente-cinq ans d’attente. Enfin, pas pour moi, bien entendu, je ne suis pas assez âgé (ne me foudroyez pas) pour avoir lu la première édition de Shining, roman culte, classique de la littérature fantastique, classique du cinéma, également, par l’adaptation pourtant très controversée qu’a réalisé Stanley Kubrick. Autant vous dire que c’est un peu comme si, au hasard, Bram Stocker revenait d’entre les morts pour donner une suite à son Dracula, et éviter à son arrière-petit-neveu Dacre Stoker d’accoucher de ce truc mou et plat – du sous-Twilight sous amphet – qu’il a osé nommer Dracula l’immortel. Mais je m’égare. Et au vu de la teneur de ses derniers livres, j’étais plutôt optimiste. Cellulaire avait été une nuit d’effroi, Dôme (dont l’adaptation télévisée est actuellement diffusée sur M6 – lisez quand même le livre, bande de feignasses) avait été le troisième plus gros choc littéraire de ma vie (numéro un : Proust. Numéro deux : Givre et sang, de John Cowper Powys), au point que j’ai même failli ne pas le terminer tellement me terrifiait cette angoissante chronique de la montée du fascisme, et Nuit noire, étoiles mortes un plaisir intense : quatre nouvelles virtuoses sur la vengeance et la culpabilité. Stephen King, dans une telle verve, écrire la suite de Shining, la nouvelle ne pouvait pas plus m’enchanter. Lire la suite

Contes de la fée verte, de Poppy Z. Brite

Contes de la fée verte
Poppy Z. Brite
(Editions Gallimard / Folio SF)
Paru en janvier 2011
265 pages
6,95€

Résumé :

Que se passe-t-il lorsque deux frères siamois séparés à la naissance n’ont qu’un seul souhait : redevenir un ? Quand chaque apparition d’un chanteur de rock s’accompagne d’un drame ? Quand un entrepreneur de pompes funèbres du quartier de Chinatown vous charge de surveiller un cadavre ? Et quand vous vous perdez dans Calcutta livrée aux morts-vivants ? Tout le talent de Poppy Z. Brite se dévoile dans ces douze nouvelles à l’odeur de souffre et au goût d’absinthe, dont «Calcutta, seigneur des nerfs», récompensée par le Grand Prix de l’Imaginaire 1998.

Mon avis :

Contes de la fée verte regroupe douze nouvelles de l’unique et talentueuse Poppy Z. Brite. Celles-ci datent de 1985 à 1992 et ont déjà été publiées notamment dans le magazine « The Horror Show » pour lequel elle a beaucoup écrit.

Ayant déjà lu cette auteure avec Le Corps Exquis, je savais à quoi m’attendre. Et je n’ai pas été déçue, bien au contraire. Poppy écrit très souvent autour de ses thèmes de prédilections et vous pourrez retrouver dans ces courtes histoires quelques uns d’entre eux comme la mort, la musique, l’alcool, l’homosexualité, la Nouvelle Orléans (elle en est originaire), mais aussi l’être humain écorché, esseulé et dépravé.
Malgré cela, elle parvient tout de même à surprendre encore et encore. On ne s’habitue pas vraiment au style de Poppy, on est époustouflé et choqué à chaque page. Elle aborde le morbide et le malsain avec poésie.

J’ai réellement apprécié chacune de ces nouvelles. Elles se lisent rapidement puisqu’elles sont plutôt courtes (15-20 pages). Les personnages quant à eux, majoritairement des hommes (Poppy Z. Brite a avoué penser comme un homme, c’est pourquoi selon moi, elle dépeint si peu de personnages féminins dans ses œuvres), sont jeunes, à la quête d’une chose, d’un autre. Ils mènent des vies de dépravation et jouent avec la mort. Ce ne sont pas des personnages creux mais complexes et surprenants.

Le petit plus du livre c’est sa préface écrite par Dan Simmons, auteur américain de renom. Il évoque sa rencontre avec la jeune Poppy, encore méconnue à l’époque. C’est Simmons qui la propulse. Sans lui, peut-être aurait-on pu passer à côté de cette auteure géniale.
Il la qualifie à juste titre « d’excellent écrivain […] au talent immense et au potentiel incroyable ». Pour lui, « le talent de Poppy Brite, si vicieux, érotique ou vicieusement érotique soit-il, continuera à mûrir, à confondre, à horrifier et à enchanter pendant de nombreuses années », et je ne saurai mieux dire.

Poppy Z. Brite et ses oeuvres me fascinent. Personnellement je continuerai de la lire, mais je ne le conseille pas à tous. Âmes sensibles s’abstenir !

Gaëlle