Autant en emporte le vent par Margaret Mitchell

Autant en emporte le ventAutant en emporte le vent

par Margaret Mitchell

Gallimard, 2003

30,50€

Résumé :

En Georgie, en 1861, Scarlett O’Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n’a toutefois d’yeux que pour Ashley Wilkes malgré ses fiançailles avec sa douce et timide cousine, Melanie Hamilton. Scarlett est pourtant bien décidée à le faire changer d’avis, mais à la réception des Douze Chênes, c’est du cynique Rhett Butler qu’elle retient l’attention. C’est alors que la guerre de Sécession éclate, bouleversant leurs vies à jamais…

Mon avis :

Avant de lire ce célèbre roman, j’avais vu il y a déjà un bon bout de temps son adaptation cinématographique, un film très long qui ne m’avait laissé qu’assez peu de souvenirs, excepté peut-être un profond mépris pour le personnage de Scarlett, mais passons sur ce point, je vais y revenir. Je n’avais donc pas particulièrement envie de lire le roman, jusqu’à ce qu’un « léger » harcèlement d’une de mes amies me forc… non, me pousse à le lire ! Allez, j’ai promis que je ne serai pas de mauvaise foi.
J’ai donc attaqué ce pavé de 1200 pages (et c’est là que je remercie la liseuse qui m’a épargné le poids du pavé dans la valise pour les vacances), en essayant de mettre de côté mes à priori assez nombreux, et en reprenant l’histoire totalement de zéro. Et je dois avouer que je n’ai pas trop mal réussi mon coup, car j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre.
Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié la dimension historique très détaillée présente dans la narration, au sujet de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. On sent que l’auteure s’est beaucoup documentée sur le sujet, et a bénéficié de témoignages de gens ayant vécu durant cette guerre (rappelons en effet que le livre a été publié pour la première fois en 1936). On a profusion de détails historiques et de descriptions assez précises, ce qui contribue notamment à l’épaisseur du roman. Certains considèrent cela comme une longueur désagréable ; personnellement, j’ai vraiment trouvé cet aspect très intéressant.
Ensuite, les personnages. Il y en a beaucoup, tous très travaillés et très bien exploités par l’auteure, mais je vais me concentrer sur les principaux. Tout d’abord, je vais bien entendu commencer par la très belle (et très caractérielle… bon, j’arrête.) Scarlett O’Hara, personnage central du roman, et que l’on suit à partir de ses seize ans. Je vous disais que son personnage, dans le film, m’avait laissé une très mauvaise impression. Heureusement, mon avis sur elle s’est quelque peu modifié avec ma lecture du roman. Certes, je considère toujours Scarlett comme une jeune femme trop gâtée pensant que tout lui est dû, bornée dans ses idées de petite fille ; mais sa force de caractère et ses idées très progressistes pour l’époque, notamment au sujet de la condition des femmes dans la société, la font beaucoup remonter dans mon estime. Je n’irai pas jusqu’à dire que je l’adore, ce serait trop me demander, mais déjà je la supporte beaucoup plus, et j’arrive à comprendre ses raisonnements la plupart du temps. 
Ensuite, le personnage de Clark Gable. Est-ce nécessaire de dire que je l’ai adoré ? Pourtant, il est loin d’être parfait : il est arrogant et profiteur, il a un tempérament parfois violent. Mais il aime Scarlett, cela se ressent dans ses actions et dans ses gestes plus que dans ses mots, et cela le rend vraiment attachant. Ce que je pourrais lui reprocher cependant, c’est d’avoir trop vite baissé les bras avec Scarlett une fois leur mariage passé, et la relation avec leur fille Bonnie, qu’il a peut-être un peu trop tendance à confondre avec sa mère. Cet avis n’engage toutefois que moi, mais si leur relation avait pris un autre cours, la fin du roman aurait pu être très différente…
Je continue avec le personnage d’Ashley Wilkes, dont je ne dirai que quelques mots, ce qui sera largement suffisant. Si au début du roman ses idées et sa façon de pensée se tenaient, la suite du roman m’a franchement fait changer d’idée à son sujet. Peu à peu, après la guerre, Ashley se transforme en une sorte de légume qui marche et qui parle, incapable d’agir de lui-même. Les espoirs qu’il contribue à donner à Scarlett à plusieurs reprises m’ont franchement énervée, et j’ai presque envie de dire que j’étais déçue en le voyant rentrer de la guerre… C’est dire !
Enfin, je vais conclure avec le personnage de Mélanie Wilkes, qui si elle est la femme d’Ashley, reste très différente de lui. Elle dissimule un caractère affirmée sous une apparente douceur, et je suis assez d’accord avec Rhett quand il dit que « Mélanie Wilkes est la seule grande dame de sa connaissance ». Elle a une grandeur d’âme, une gentillesse et une générosité à toute épreuve, et elle sait se faire aimer de tout le monde… excepté peut-être de Scarlett qui la méprise et la dédaigne pendant quasiment tout le roman. Pour ma part, j’ai vraiment beaucoup aimé le personnage de Mélanie.
Autant en emporte le vent est aujourd’hui devenu un classique, notamment grâce à son adaptation cinématographique qui reste un film emblématique 75 ans après sa sortie dans les salles.
Les sujets qu’il véhicule, notamment au sujet de l’esclavage et du racisme, intimement liés dans ce livre écrit dans les années 30, à l’époque où la ségrégation des Noirs faisait encore rage aux Etats-Unis, reste encore aujourd’hui étrangement actuels. Toutefois, un reproche que je fais à l’oeuvre à ce sujet : certains mots où expressions utilisés pour parler de personnes Noires montrent franchement les inclinaisons quelque peu racistes de l’auteure à leur sujet, tout comme les quelques mentions du Ku Klux Klan, qui prend en effet ses racines à l’époque où se déroule l’histoire… 
A roman fleuve, critique fleuve, je constate que je me suis laissée emballer. Pour autant, je vous recommande ce livre qui, sans être un coup de cœur, reste néanmoins une superbe découverte, malgré une fin… qui m’a laissée sur ma faim. Alors à vous de vous faire votre propre avis, et foncez sur ce livre !
~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✭

La Tante de Russie par Elise Fischer

SCN_0070La Tante de Russie

par Elise Fischer

Presses de la Cité, 2014

20,00 €

Résumé :

Septembre 1899. La jeune Lucie quitte sa terre lorraine pour accomplir son fabuleux destin. Ou comment une orpheline née à Saint-Dizier à la frontière de la Meuse devient, à Saint-Petersbourg, l’intime de la plus haute aristocratie impériale, la gouvernante des filles du dernier tsar de Russie, les princesses Olga et Tatiana, et l’amante passionnée du chef des cosaques du Don. Autant d’années lumineuses juste avant le chaos, la révolte d’un peuple acculé dont elle comprend pourtant la détresse. Et ses propres drames…

Mon avis :

Je n’avais pas du tout entendu parler de ce livre lorsque je suis tombée dessus à la librairie Tirloy de Lille. C’est la couverture qui m’a d’abord attirée, puis le résumé. Certains le savent, je suis très intéressée par l’Histoire de la Russie, notamment par le règne du dernier Tsar de toutes les Russies, Nicolas II. Alors quand j’ai vu ce livre, je me suis très vite laissée tenter. Et je ne le regrette pas !

Le roman débute tout d’abord par les aventures d’une certaine Lise, journaliste pour la télévision, qui se retrouve plus ou moins forcée de faire un reportage sur la Pâque Orthodoxe Russe. C’est au cours de ce reportage que va lui venir le besoin irrépressible de retrouver les traces de sa grand-tante Lucie Thomas, de retracer l’histoire de cette jeune femme partie de Lorraine pour se retrouver gouvernante des enfants du Tsar à la cour de Russie. Puis l’on change de narratrice : c’est ensuite Lucie Thomas elle-même qui va nous raconter sa vie, de son enfance dans l’est de la France, jusqu’aux prémices de la Révolution Russe. Elle parle alors de ses amours, de ses craintes, de sa vie passée dans l’entourage de la famille impériale.

Je commence par un point noir, pour moi le plus gros du roman : le début. J’ai trouvé que toute l’histoire autour de la soi-disant « quête » de Lise sur les traces de sa grand-tante était superflue. Cela aurait pu être un bon début pourtant, mais la transition entre les récits des deux narratrices est pour moi quelque peu bâclé, puisque Lise tombe comme par miracle sur des écrits de son illustre aïeule… Un peu dur à avaler pour moi, je ne vous le cache pas.

Mais trêve de reproches, parlons maintenant de ce qui est le cœur du livre : le récit de Lucie Thomas, de ses aventures entre la France et la Russie. Eh bien, j’ai réellement trouvé cette partie du récit passionnante. J’ai eu peine à lâcher le livre tant l’histoire était prenante ! L’auteure parvient à nous plonger avec brio dans cette ambiance de la Russie Impériale du début du XXème siècle. La narratrice, Lucie, est très attachante, et on parvient sans aucune difficulté à la suivre dans ce pays partagé entre les fastes de la cour impériale et la misère du peuple ou la révolte gronde, sous-jacente. Elle côtoie de très près certains personnages historiques, notamment le Tsar Nicolas II, la Tsarine Alexandra, leurs cinq enfants Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et Alexeï, mais aussi le sinistre Raspoutine… On découvre ces grands noms de l’Histoire dans leur intimité, peut-être un peu plus humains, et moins iconiques. Toutefois, ceux qui connaissent quelque peu l’histoire de cette période troublée de la Russie s’attendront sans peine à la fin du roman, évidente. Le seul regret que j’ai d’ailleurs à ce sujet, c’est que l’auteure n’ait pas approfondi certains aspects historiques, mais soit restée en surface des choses. Toutefois, c’est là un avis personnel, et certains diront probablement que je suis trop pointilleuse…

Autre point positif du récit : la relation entre Lucie et Piotr. Peut-être un peu bateau, diront certains, mais personnellement j’ai beaucoup apprécié la manière dont elle a été présentée, dont elle s’est déroulée.

En tout cas, je ressors de ce roman avec une très bonne impression générale. Je vous le recommande sans hésiter, surtout si cette période de l’Histoire vous intéresse particulièrement.

~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✩

Nord et Sud par Elizabeth Gaskell

Nord et SudNord et Sud

par Elizabeth Gaskell

Points, 2010

8,90 €

Résumé :

C’est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l’héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l’Angleterre. Peu après son retour, son père renonce à l’Église et déracine sa famille pour s’installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s’adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s’éveille à travers les liens qu’elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l’opposent à leur patron, John Thornton.

Mon avis :

Je referme à peine ce livre que j’ai déjà envie de le relire… C’est vous dire s’il m’a plu !

Elizabeth Gaskell est une auteure du milieu du XIXème siècle, contemporaine de la célèbre Charlotte Brontë, auteure de Jane Eyre (qui est d’ailleurs l’un de mes livres préférés). Nord et Sud est l’un de ses romans majeurs. Dans ce livre, elle nous dévoile le passé industriel  du nord de l’Angleterre, et les préjugés qui couraient alors à l’encontre de ladite industrie. Elle utilise pour cela ses deux personnages principaux, Margaret Hale et John Thornton qui, tour à tour, expriment leurs pensées et leurs sentiments.

Ce roman est un point de vue très intéressant pour l’époque sur l’industrie, les rapports qu’entretiennent patrons et ouvriers, les syndicats, les grèves, etc… Certains des points de vue développés peuvent paraître assez avant-gardistes pour l’époque. Pour autant, Elizabeth Gaskell ne montre dans son livre aucun parti pris : pour elle, les patrons comme les ouvriers d’usines ont leurs qualités et leurs défauts, leurs bonnes idées et opinions, mais aussi d’autres qui peuvent s’avérer franchement condamnables… Elle ne défend personne, mais montre les côtés sombres de chacun. C’est donc un récit riche au niveau social et historique.

Mais Nord et Sud, c’est aussi une très belle histoire d’amour ! Pourtant, qui aurait pu croire que la jolie Margaret Hale, fille du sud de l’Angleterre, attachée à ses valeurs campagnardes, puisse ne serait-ce que poser un regard sur John Thornton, patron fier et déterminé d’une filature de coton dans le nord du pays ? Les différences sont nombreuses, les divergences d’opinion plus encore. Les malentendus affluent, les erreurs de jugement aussi. Et pourtant, ces deux jeunes gens ne pourront s’empêcher de se rapprocher inexorablement…

Par certains aspects, ce roman m’a souvent rappelé Orgueil et préjugés, le célèbre chef-d’œuvre de Jane Austen, notamment en ce qui concerne la relation houleuse entre nos deux protagonistes. Concernant les autres facettes du récit, elles se rapprochent parfois du roman réaliste à la Zola, avec une influence gothique moindre par rapport à d’autres livres de la même période (je pense entre autres aux romans des soeurs Brontë).

Ce roman a réussi à me transporter quasiment du début jusqu’à la fin, et je peux vraiment dire qu’il a été un coup de coeur. Je profite également de cet article pour vous conseiller l’adaptation TV qu’en a fait la BBC en 2004, avec Daniela Senby-Ashe et Richard Armitage dans les rôles principaux. C’est cette mini-série qui m’a donné envie de lire le livre, et franchement, je ne le regrette absolument pas !

~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✭

L’affaire Jane Eyre par Jasper Fforde

L'affaire Jane EyreL’affaire Jane Eyre

par Jasper Fforde

10/18, 2005

9,60€

Résumé :

Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu’une brigade spéciale a dû être créée pour s’occuper d’affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l’origine des plus folles inventions, on a parfois envie d’un peu plus d’aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l’héroïne du livre fétiche de Thursday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d’une fin certaine…

Mon avis :

C’est déjà ma troisième lecture de ce roman, et je ne m’en lasse pas ! C’est d’ailleurs pour cela que j’ai voulu vous le faire découvrir.

Ceux qui me connaissent le savent très bien, je suis une grande fan du roman Jane Eyre de Charlotte Brontë. Par conséquent, quand on m’a offert ce livre, j’ai été très curieuse de découvrir ce qu’il renfermait !

Eh bien, je n’ai pas été déçue. Si au début du livre il faut s’adapter à l’univers complètement décalé inventé par l’auteur, on se laisse très vite emporter par les détails un peu loufoques qui apparaissent souvent. Mais, avant toute chose, une petite explication du contexte s’impose…

Le récit se déroule dans les années 1980, en Angleterre. Quoi d’exceptionnel, me direz-vous ? Eh bien, le monde décrit dans ce livre n’est pas celui que l’on peut connaître. L’Angleterre est en guerre contre la Russie depuis plus d’un siècle, le Pays de Galles a mené une révolution et a gagné son indépendance, les familles peuvent adopter des dodos ou des pingouins domestiques clonés, unegrande firme nationale du nom de Goliath a la mainmise sur le gouvernement anglais… Bref, vous imaginez le tableau. Une autre chose importante : l’Angleterre est gérée par ce qui est connu sous le nom d’OpSpecs. Il s’agit de 32 départements spécialisés chacun dans une branche particulière : le voyage dans le temps, la défense anti-terroriste, ets… Et surtout, le département des LittéraTech, une brigade spécialisée dans le domaine du livre et de la littérature. C’est là que travaille notre héroïne, Thursday Next. Le jour où l’un des plus grands criminels au monde kidnappe le personnage de Jane Eyre dans le manuscrit original de Charlotte Brontë, c’est elle qui est chargée de la retrouver et de la ramener dans son roman.

Comme vous pouvez donc le remarquer, l’univers est très particulier. Il peut nécessiter un certain temps d’adaptation au début du roman mais, personnellement, j’ai tout de même été très vite conquise par ce récit si original.

Ce livre est un subtil mélange de roman policier, fantastique, science-fiction, classique et contemporain ; complètement décalé et loufoque, avec des personnages franchement drôles et souvent attachants (car même s’ils sont franchement détestables pour certains, on ne peut s’empêcher de les trouver drôles).

Un très bon moment de lecture donc, et si vous avez envie d’une lecture à la fois amusante et passionnante, alors ce livre est fait pour vous !

~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✩

Et plus vite que ça Père Noël !

Jingle bells jingle bells

Jingle all the way!
What fun it is to ride
In a one-horse open sleigh

 Wiiseko

En ce mois magique de décembre chers lecteurs, l’équipe de Mais Livrez Vous va vous faire un petit article spécial.

Le thème n’est pas difficile à deviner: Une sélection de Noël !

Si vous êtes en panne d’inspiration pour offrir des cadeaux à vos proches, des idées en voulez-vous, en voilà : Nous allons chacun donner une liste de 5 livres qui nous avons aimés et qui peuvent faire de beaux présents.

Comme nous sommes une équipe très complémentaire dans les goûts et les couleurs, ils y en aura pour tout le monde.

Je me permets de commencer en vous présentant mes choix pour le Père Noël. Je les aborderais en nommant les membres de la famille à qui ils pourraient convenir, mais après chaque personne est juge. C’est parti :

① Pour ta douce Maman: Quartier Lointain de Jiro Taniguchiql

Transporté dans la peau de l’adolescent qu’il était à 14 ans, Hiroshi redécouvre son passé en questionnant sa famille et ses amis. Il le revit également, et lorsque le jour approche où son père a disparu sans explication, Hiroshi se demande s’il peut changer ce passé ou s’il doit le revivre, impuissant.

Tu désespères de voir ta mère ne pas comprendre ta passion du manga. Avec Jiro Taniguchi, le problème est réglé ! Le plus européen des mangakas a écrit moults récits, tous plus sublimes les uns que les autres. Mais il ne fallait en choisir qu’un. Mon choix s’est donc porté sur Quartier Lointain. C’est le plus connu de tous, et sans doute le plus accessible. Il a même gagné l’Arph-Art du meilleur scénario à Angoulême en 2003.

Porté par le sublime dessin de Taniguchi, cette histoire de voyage dans le temps bien particulière est touchante et pleine de philosophie. Passionnante, elle atteindra même les non-initiés au manga.Contrairement à d’autres récits de Taniguchi (il a écrit pas mal de one-shot) , Quartier Lointain est en deux tomes. Mais l’intégral existe aux éditions Casterman.

blacksad-tome-1-quelque-part-entre-les-ombres-7968044②Pour ton cool Daddy: Blacksad de Juanjo Guarnido (dessin) et Juan Diaz Canales (scénario)

Blacksad est comme tous les “privés”, désabusé et sans illusion. À un détail près : c’est un… chat, qui trimballe sa silhouette et ses idées généreuses dans l’Amérique des années 50. Il a perdu pas mal de ses illusions sur le monde qui l’entoure. Mais cela ne l’empêche pas de se battre pour un peu plus de justice.

J’ai beaucoup hésité avant de mettre Blacksad dans ma sélection. Après tout, la BD est déjà très connue, -généralement- encensée par la critique, elle a déjà reçu de nombreux prix, j’aurais pu peut être trouvé autre chose. Mais nom de poney poilu, cette série est tellement bonne ! Rien qu’à l’idée que certaines personnes puissent passer à côté de ce chef d’œuvre, mon poil d’ours se hérisse d’effroi.

John Blacksad est un chat noir, détective privé. Les histoires prennent place dans les états-unis des années 50 ; à ce jour, la série compte 5 tomes, et chacun aborde un thème de l’histoire américaine en particulier.
Blacksad c’est LA bande dessinée policière. J’aurais même envie de dire, c’est LA BD, tout court.
J’ai trouvé tout les tomes excellents, parfaitement maitrisé, que ce soit dans la narration ou le découpage. Les scénarios sont parfaits et le dessin … oh mon Dieu ce dessin ! Il est extraordinairement beau. Chaque album dégage une ambiance qui lui est propre, ils ont chacun leurs propres sujets et lieux mais à chaque fois, les cases fourmillent de détails, les personnages sont splendides de charismes et les couleurs vous en mettent plein les mirettes.

Certain pourraient ne pas être attirés car c’est du dessin animalier. Mais GRAVE erreur. Ils passent à côté d’une des meilleures séries de BD du moment.

③ Pour ton frère : City Hall de Guillaume Lapeyre (Dessin) et Rémi Guérin (Scénario)city-hall-coffret-1-ankama

Imaginez un monde où tout ce que vous écrivez prendrait vie. Imaginez maintenant qu’un individu utilise cette arme avec les plus sombres desseins… À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, les forces de police de City Hall n’ont d’autre choix que de faire appel à deux des plus fines plumes de Londres : Jules Verne et Arthur Conan Doyle !

City Hall, c’est un global manga des éditions Ankama, et nous montre bien que nous autres français, nous aussi, on peut faire du manga. Et du bon !

Changeant des blockbusters habituels, ce shonen nous emmène dans un univers futuriste et en même temps rétro, en mélangeant technologies de pointes et personnages du 20éme siècle. Le tout, porté par une ambiance très steampunk. Le dessin est très beau et sert très bien l’histoire.

Le point fort de cette série est sans contexte son originalité. Faire du papier, l’arme la plus dangereuse au monde, et réussir avec brio à y mêler Victor Hugo, Conan Doyle et d’autres personnages qui n’auraient jamais pu se rencontrer en vrai est un vrai coup de maître.

L’action est présente, les rebondissements nombreux, les héros intéressants et charismatiques … Bref, j’ai peux de chose à redire sur cette série, elle est vraiment très très

bonne.
En plus, Ankama nous a fait l’honneur de nous sortir un coffret de la saison 1 de City Hall (en 3 tomes) avec des jaquettes exclusives vraiment très belles et un note-book compris.

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④ Pour ta sœur : Forever Bitch de Diglee

Louise, bientôt la trentaine, en couple, partage ses drames émotionnels avec son BGF (Best Gay Friend) et ses deux meilleures potesses aux caractères diamétralement opposés : Maud, Mère Teresa du plan cul depuis sa rupture avec l’ex-potentiel-homme-de-sa-vie, et Audrey, maquée avec son prince charmant… au grand dam de Maud, viscéralement mais secrètement jalouse de tant de niaiserie doucereuse.Diglee revient. Après deux BD semi-autobiographiques, elle s’intéresse cette fois à la vie de ses amies. Portrait des jeunes femmes d’aujourd’hui, elle axe son regard sur l’amour, le sexe, les sorties. La BD ne se prend pas au sérieux, mais il y a certains passages plus sensibles, qui abordent des questions que beaucoup se posent aujourd’hui. Comme savoir si, dans un monde de consommation et d’obsolescence programmée, un couple peut vraiment durer toute une vie. Il est juste dommage que le récit ne s’y penche pas plus.Mais on retrouve avec plaisir le trait de Diglee, et on passe un très bon moment de lecture. Les fans de Margaux Motin et autre Pénélope Bagieu apprécieront.

 hayao-miyazaki-cartographie-univers⑤ Pour un fan du Japon : Hayao Miyazaki, cartographie d’un univers

L’œuvre de certains artistes entre de leur vivant dans l’imaginaire collectif. Le mangaka et réalisateur japonais Hayao Miyazaki (Nausicaa, Mon Voisin Totoro, Chihiro, Ponyo…) est l’un d’entre eux. De la Toei aux studios Ghibli, il a imposé, en plus de quarante ans de carrière, une vision singulière et nuancée du monde, de l’homme et de la société. Respectant la volonté de l’auteur de n’être jugé que sur ses créations, cet ouvrage prend le parti d’explorer l’imaginaire de Miyazaki et d’en rechercher la cohérence interne. Grâce à une analyse minutieuse des personnages, motifs et thèmes récurrents, la chronologie de ses œuvres est mise en perspective, tant sur la forme que sur le fond, pour aboutir à une véritable cartographie de son univers, placée sous le signe du voyage initiatique et de la magie intérieure. Une étude qui replace également cette production dans son contexte, non pas historique ou biographique, mais culturel : inspiré tant par sa propre société que par les pays du soleil couchant, Miyazaki se trouve aujourd’hui au cœur d’un dialogue, à la fois textuel et visuel, entre Japon, Europe et États-Unis.

Malakoda

22/11/63, Stephen King

22-11-63-stephen-king    Jack Epping, professeur d’anglais à Lisbon Falls, promet à un ami mourant d’empêcher l’assassinat de Kennedy. Le voilà alors propulsé des années en arrière, en 1958. Une uchronie dans l’Amérique des sixties par Stephen King ? Et si… L’art de recréer l’Histoire doit être manié avec un certain tact, le risque de tomber dans la farce étant très grand. On ne reconnaît aujourd’hui qu’à certains écrivains ce très grand talent. Le maître du haut château du grand Philip K. Dick est un exemple notoire d’uchronie réussie. Et d’après l’unanimité des critiques sur 22/11/63, nous en tenons un deuxième. Une occasion pour Stephen King de décortiquer un peu plus les maux de l’Amérique contemporaine, à travers l’un des plus grands traumatismes que le pays ait connu.

mudwomanMudwoman, Joyce Carol Oates

Comme dans la plupart des romans de Joyce Carol Oates, c’est un destin de femme qui est écrit dans ce roman de la frêle géante des lettres américaines. Mudgirl, abandonnée par sa mère dans un marais, recueillie par une famille de Quacker, deviendra Meredith et première femme présidente d’université, jusqu’au jour où sa brillante carrière, les intrigants du milieu universitaire et une certaine rigidité morale vont la mener au doute. J’avais adoré son recueil Le musée du Dr. Moses et le sublime La fille du fossoyeur, il n’y a donc pas de raison pour que je n’adhère pas à ce roman qui est d’ores et déjà décrit, à l’instar de Blonde, comme un classique de la littérature nord-américaine.

ondeseptimusL’Onde Septimus, Blake et Mortimer tome 22, scénarisé par Jean Dufaux, dessiné par Antoine Aubin et Etienne Schréder

Une suite à La marque jaune ? By Jove ! Le retour d’un mythe ! L’intrigue commence juste après l’album mythique d’Edgar P. Jacobs pour se terminer un peu avant L’affaire Francis Blake. Tandis que Mortimer ne parvient pas à percer le secret de « l’onde Mega », découverte du professeur Septimus, alias « La marque jaune », des admirateurs du savant fou se réunissent pour comploter. Grand fan de la série, je le veux, je l’exige. Tout de suite !

dans le silence du vent

Dans le silence du vent, Louise Erdrich

« Si ce livre est une sorte de croisade, galvanisée par la colère de l’auteur, c’est aussi une œuvre littéraire soigneusement structurée, qui une fois encore rappelle beaucoup Faulkner. » The New York Times

Ai-je besoin d’en dire plus ? Quand l’une des plus belle voix du « renouveau amérindien » publie un roman, chez moi, c’est un évènement. Portant depuis bientôt trente ans la mémoire, les plaies et la colère des amérindiens, Louise Erdrich poursuit une œuvre à la fois poétique et revendicatrice. Quand François Busnel l’interrogeait, pour ses fabuleux « carnets de route », sur le rôle de l’écrivain, la désormais lauréate du National Book Award répondait : « Résister. Résister au rêve Américain. C’est ça, le rôle de l’écrivain. » Ou la littérature comme rempart aux certitudes.

fetiches_mo_hayder_2013Fétiches, Mo Hayder

Une surdouée. Mo Hayder est une surdouée du polar anglo-saxon. Et son détective, Jack Caffery, est l’un des meilleurs personnages de « flic » de cette littérature pourtant très dévoyée ces temps-ci. Dans un hôpital psychiatrique, des patients victimes d’hallucinations se donnent la mort, hantés par le fantôme de « la Maude », infirmière sadique qui torturait les résidents, du temps où l’établissement était encore un hospice. Mon attirance coupable pour les intrigues sombres et bizarres a auparavant été amplement comblée par cette auteure, dans le poisseux Pig Island, ou encore dans Birdman. Je n’en attends pas moins de Fétiches.

Galinean

Il faut de tout pour faire un monde ! Et selon cet adage, j’ai décidé, quant à moi, de vous présenter cinq livres bien différents les uns des autres. Du roman jeunesse au classique, en passant par l’heroic-fantasy, il y en aura vraiment pour tous les goûts !

PersuasionPersuasion, Jane Austen

Le premier ouvrage que je vous propose est un roman, un classique de la littérature anglaise : il s’agit de Persuasion, de Jane Austen. Il s’agit de l’un des derniers romans de la célèbre auteure d’Orgueil et préjugés, et à mon avis, l’un des meilleurs. Une romance façon XIXème siècle, tout en bals et mondanités, dans laquelle le lecteur est transporté du début à la fin par la plume splendide de l’auteure. Ce roman est idéal pour les adeptes de la littérature classique anglaise du XIXème siècle, mais aussi pour les fans de romance à l’ancienne. C’est aussi un très bon début pour découvrir l’oeuvre de la grande Jane Austen.

La Quête d’Ewilan, Pierre BotteroLa Quête d'Ewilan

Le second livre à mettre sur votre liste de Noël est en réalité une trilogie complète (car, soyons honnêtes : si je vous mettais uniquement le premier tome, vous y perdriez beaucoup). Il s’agit d’une saga d’Heroic-Fantasy, catégorisée en jeunesse mais qui, à mon sens, peut être lue à tout âge : La Quête d’Ewilan, de Pierre Bottero. Ces livres sont pour moi une véritable bible de la littérature fantastique pour la jeunesse : un style poétique, un récit captivant et des personnages incroyablement attachants, voilà la recette de ce succès. La trilogie a été rééditée récemment sous la forme d’un omnibus regroupant les trois tomes, ainsi que quelques bonus inédits. Rien que pour le visuel de l’objet, cela vaut le coup de l’avoir dans sa bibliothèque !

Dix petits nègresDix petits nègres, Agatha Christie

Le troisième livre que je vous suggère est un classique du roman policier, écrit par la plus grande auteure du genre : il s’agit de Dix petits nègres, d’Agatha Christie. Je suis une grande admiratrice d’Agatha Christie, et vous pouvez me croire : de tous les livres de cette auteure que j’ai pu lire, celui-ci est pour moi le meilleur. Le suspense est maintenu jusqu’à la toute dernière page, et croyez-moi, une fois votre lecture commencée, vous ne pourrez plus lâcher ce livre avant de l’avoir terminé ! C’est un excellent roman pour tous les fans de littérature policière, à découvrir ou redécouvrir sans se lasser.

Les amants de Samaroux, Natasha FarrantLes amants de Samaroux

Le quatrième livre de ma liste de Noël est un roman historique plutôt destiné aux adolescents : Les amants de Samaroux, de Natasha Farrant. L’action se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale, dans un petit village de la France libre : Samaroux. On y suit deux jeunes adolescents qui, au mépris de la guerre et des tourments, vont connaître leur premier amour… mais la guerre reste la guerre, et tout peut basculer à tout moment. Basé sur des faits réels, ce roman émouvant donne fort à réfléchir, et permet aussi de se remémorer les sombres évènements de cette période de notre histoire. Un roman idéal pour les amateurs de romance, ainsi que pour les jeunes qui s’intéressent à tout ce qui touche de près ou de loin à cette période.

La Rose Ecarlate T1La Rose Écarlate, Patricia Lyfoung

Et enfin, je pique un peu de travail à ma copine Wiiseko puisque le cinquième livre de ma liste s’avère être une bande-dessinée, ou plus précisément une saga de BD : La Rose Écarlate, de Patricia Lyfoung. J’ai commencé à lire cette série alors que j’étais au collège (autant vous dire que ça commence à dater), et depuis je suis toujours aussi fan. Les dessins sont superbes, et même si l’intrigue peut parfois paraître un peu bateau, les personnages sont si attachants et drôles que l’on ne peut qu’adhérer. Ces BD sont plutôt jeunesse, donc à destiner à un public adolescent. Mais après, rien ne vous empêche de les lire si vous êtes plus âgés : j’ai bientôt vingt ans, et personnellement, je ne m’en lasse pas !

Terre Noire (tome 1) par Michel Honaker

Terre Noire T1Les exilés du Tsar

par Michel Honaker

Flammarion, 2009

13€

Résumé :

Jeune compositeur, Stepan réjouit par sa musique l’esprit du tsar. Mais tant de succès dérange. Alors. le jeune homme est accusé de complot contre le pouvoir. En Russie, il n’y a pas de place pour les traîtres. Stepan doit quitter ses terres d’Ukraine qu’il chérit tant, le sombre domaine de Terre-Noire ; et abandonner sa seule alliée, Natalia. Très vite, son exil prend la couleur de la haine…

Mon avis :

Je dois vous avouer que lorsque j’ai acheté ce livre au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil, je ne m’attendais à rien de particulier. En effet, je n’avais jamais entendu parler de ce roman, que ce soit sur la blogosphère ou ailleurs. Mais finalement, il s’est avéré être pour moi un véritable petit coup de coeur !

Ce qui m’a attirée vers ce livre en premier lieu, c’est sa couverture, que je trouve vraiment superbe, et en même temps assez angoissante. Elle nous intrigue dès le premier regard, et j’ai eu envie d’en savoir plus… Seconde chose : le contexte du récit. Ce dernier se déroule en Russie Impériale, sous le règne du Tsar Alexandre III, à la fin du XIXème siècle. C’est une période qui m’intéresse énormément, et ce depuis très longtemps, alors je peux vous assurer que j’ai été enchantée de retrouver de nombreux éléments historiques disséminés à travers les pages de ce livre. On croise notamment plusieurs personnages historiques réels, dont le Tsar Alexandre III, et également son fils, le jeune tsarévitch Nicolas, futur Tsar Nicolas II…

Le  récit nous est conté par deux narrateurs, Stepan Tchakarov et Natalia Danilova, qui se livrent tour à tour par le biais de lettres et de journaux intimes. Le fait d’avoir ces deux points de vue différents nous permet de mieux appréhender l’histoire de ces deux jeunes gens, presque frère et soeur, qui voient du jour au lendemain leurs vies bouleversées après la mort de leur mère et protectrice, la baronne Danilovna. Cette dernière avait en effet adopté Stepan alors qu’il n’était encore qu’un enfant, et l’a guidé sur sa voie de grand compositeur tout au long de sa jeunesse. Après sa mort, Stepan se voit contraint de fuir Saint-Petersbourg pour échapper au complot monté contre lui par le frère de Natalia, Vollodia, et le beau-frère de celle-ci, Kusak, tous deux jaloux du succès du jeune homme.

C »est une histoire qui est loin d’être joyeuse, je dois bien l’admettre, et certains passages sont particulièrement durs. Mais pour autant, je n’ai pas pu m’empêcher d’être conquise par l’ambiance du récit, par cette description de la Russie Impériale troublée par des terroristes politiques, par la relation entre Stepan et Natalia… Le tout combiné forme un récit incroyablement captivant, rendu encore plus agréable par l’écriture de son auteur, qui parvient avec brio à osciller entre suspense et poésie.

Pari réussi, en ce qui me concerne, et j’ai maintenant hâte de pouvoir lire le second tome de cette trilogie.

~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✭

Kinderzimmer par Valentine Goby

KinderzimmerKinderzimmer

par Valentine Goby

Actes Sud, 2013

20€

Résumé :

En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.

Mon avis :

Il y a des livres, comme ça, qui ne peuvent laisser indifférents leurs lecteurs. Et c’est notamment le cas de celui-ci. Basé sur de véritables témoignages, en particulier celui de Marie-José Chombart de Lauwe, résistante déportée en Allemagne durant la Seconde Guerre Mondiale, ce récit brillamment romancé par Valentine Goby  nous prend littéralement au tripes, et nous dévoile une part de notre histoire encore méconnue.

Car oui, dans les camps de prisonniers allemands, les prisonniers (ou ici, en l’occurrence, les prisonnières) ne s’arrêtent pas de vivre. La vie y est certes bien différente, bien plus dure et bien plus marquée par les privations, mais la vie reste la vie. Mila, résistante déportée, en est la preuve vivante, puisqu’elle arrive au camp de Ravensbrück alors qu’elle est enceinte d’à peine quelques semaines.

Le récit est alors rempli de contradictions flagrantes, parfois même difficiles à supporter pour le lecteur, qui se sent presque mal à l’aise en tournant les pages : des conditions de vie insoutenables du camp de travail, à la Kinderzimmer, ce lieu où se trouvent tous les enfants nés dans le camp ; de l’inhumanité des gardes allemands au soutien que trouvent les prisonnières entre elles… Le propos de l’auteure est cru, net. Le style est tranchant, n’hésite pas sur les mots, dit les choses telles qu’elles étaient à l’époque, sans tabous ni peur de la réalité. Ce style marque l’esprit du lecteur mieux que n’importe quelle autre façon de faire.

Je ne peux pas dire que j’ai aimé, ou que j’ai détesté ce livre. Je l’ai lu. Je me suis attachée aux personnages de Mila, Teresa, et de certaines autres prisonnières du camp. J’ai souffert, j’ai espéré, j’ai résisté avec elles au travers des pages de ce récit. Un récit poignant à souhait, qui ne peut pas laisser indifférent, dans tous les cas. Valentine Goby a su à merveille retransmettre les sentiments de ses personnages, de manière à ce que nous puissions presque nous mettre à leur place. Presque, car malgré cela, on ne saura jamais vraiment ce que c’est que d’endurer de telles souffrances.

Je recommande ce livre à toutes les personnes qui, comme moi, s’intéressent à l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Mais je préfère prévenir : âmes sensibles, s’abstenir ! Car le propos est vraiment très cru : descriptions de blessures en tous genres, de tas de cadavres gisants dans la boue… Des faits, certes, mais qui peuvent néanmoins choquer certains vu la manière dont ils sont présentés.

Un livre qui sait toucher nos émotions, pour comprendre, se souvenir, et surtout, ne jamais oublier.

~ Galinean ~

Les voleurs de rêves par Steve Lyons

Doctor Who - Les voleurs de rêvesDoctor Who : Les voleurs de rêves

par Steve Lyons

Milady, 2012

7€

Résumé :

Une nouvelle aventure fascinante du Docteur, de Rose et du capitaine Jack, interprétés par Christopher Eccleston, Billie Piper et John Barrowman dans la spectaculaire série télévisée de la BBC. Dans un futur lointain, le Docteur, Rose et le capitaine Jack découvrent un monde où toute forme de fiction est prohibée. Raconter des histoires, mentir, espérer et rêver sont autant de crimes sévèrement punis par la loi. Mais une chaîne de télévision pirate exhorte le peuple à l’insurrection. Le Docteur et ses compagnons se rallient à la cause des rebelles avant de prendre conscience, à leurs risques et périls, que les rêves ont tôt fait de tourner au cauchemar…

Mon avis :

Je n’en ai pas encore parlé ici, mais je suis une grande fan de la série britannique Doctor Who. Ce livre est le second livre dérivé de la série qui passe entre mes mains (le premier était Apollo 23 de Justin Richards). Et pour la seconde fois, mon avis va être assez mitigé…

Je commence tout de suite avec ce qui « fâche », au moins ce sera fait : Doctor Who est une série très visuelle, et la retranscrire en livre n’est pas forcément un défi évident. Le lecteur ne retrouve pas cet émerveillement qu’il peut avoir en regardant la série TV, et les personnages sont également beaucoup plus difficiles à cerner – bien qu’ici, l’auteur ait parfaitement réussi à décrire les caractères si particuliers des personnages du neuvième Docteur, de Rose Tyler et du Capitaine Jack Harckness.

L’histoire en elle-même est vraiment très recherchée, bien menée, et l’auteur parvient avec brio à nous leurrer sur ce qui est la réalité et ce qui est du domaine du rêve. Le lecteur se met très vite à douter de tout et de tout le monde, il se demande qui est sain d’esprit, et qui ne l’est pas, ce jusqu’à la toute fin du roman. Autre point fort, les descriptions sont assez bonnes, et nous laissent imaginer l’univers sans âme et sans couleurs de ce monde sans fiction, sans imagination.

Le thème du roman porte d’ailleurs fortement à réflexion : après tout, c’est bien vrai, que serait un monde sans fiction ? Question presque philosophique, je vous laisse y penser à tête reposer pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion…

~ Galinean ~

Mon avis : ✭✭✭✭✩

Rebecca par Daphné du Maurier

RebeccaRebecca

par Daphné Du Maurier

Le Livre de Poche, 2013

6,10€

Résumé :

Une longue allée serpente entre des arbres centenaires, la brume s’accroche aux branches et, tout au bout, niché entre la mer et les bois sombres, un château splendide : Manderley, le triomphe de Rébecca, la première Mme de Winter, belle, troublante, admirée de tous.
Un an après sa mort, le charme noir de Rébecca tient encore en son pouvoir le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse de Maxim de Winter, jeune et timide, pourra-t-elle échapper à cette ombre inquiétante, à son souvenir obsédant qui menacent jour après jour de plonger Manderley dans les ténèbres ?

Mon avis :

Ah quel roman, bon sang, quel roman ! Je tourne la dernière page en étant vraiment conquise par l’écriture extraordinaire de Daphné Du Maurier, et par ce récit, à la fois sombre et haletant.

Le livre entier est rédigé à la première personne du singulier. En effet, le récit nous est raconté par la nouvelle Mme de Winter, une jeune femme timide et discrète, qui se retrouve du jour au lendemain l’épouse d’un riche gentleman anglais : Maxim de Winter. Lorsque celui-ci l’emmène chez lui, en Angleterre, dans sa magnifique demeure de Menderley, elle découvre que la première épouse de son mari, Rebecca de Winter, est encore malgré tout très présente dans l’esprit des gens et dans l’âme de Menderley.

Le récit se découpe en trois parties, bien distinctes. La première partie se déroule à Monte-Carlo, avant le mariage de nos deux personnages principaux  ; la seconde se déroule en Angleterre, à Menderley, où l’influence de Rebecca est dépeinte dans une ambiance sombre et pesante, très typique du roman gothique de la fin du XIXème siècle ; et enfin, la troisième  partie est celle où commence l’enquête, et se présente un peu comme un roman policier classique.

Ces trois parties sont à la fois semblables et différentes. Semblables, parce que le fil conducteur donné par l’auteure est parfaitement respecté, et totalement logique pour l’histoire. Différentes, car elles ont toutes trois un style et une ambiance propre à chacune. Toutefois, ces différences sont parfaitement bien exploitées, et permettent de donner un rythme régulier à l’histoire. De plus, cela permet au lecteur de ne pas se lasser au cours de sa lecture, et lui apporte une touche non négligeable de suspense.

L’écriture de Daphné du Maurier est incroyable. Pour mon premier livre de cette auteure, je ne suis absolument pas déçue ! Elle parvient à nous entraîner du début à la fin dans un récit haletant, à l’ambiance oppressante et presque fantastique du roman gothique classique. Le style est très fluide, simple à lire, sans fioritures inutiles.

Vous l’aurez compris, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, un classique de la littérature anglaise du XXème siècle. Alors, un seul mot d’ordre : foncez !

~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✭

Le chant du troll par Pierre Bottero

petitLe Chant du Troll

par Pierre Bottero

illustré par Gilles Francescano

Rageot, 2010

17,50€

Résumé :

Léna est une petite fille discrète, presque invisible… Mais un jour, son environnement bien rangé d’écolière studieuse se retrouve totalement bouleversé : en sortant de chez elle, elle découvre un ciel plein de couleurs, une ville devenue à la fois sauvage et magique, et va devoir se lancer en quête d’une vérité que son esprit se refuse à accepter…

Mon avis :

Je referme tout juste ce livre, et les mots se bousculent dans mon esprit presque trop vite pour que je les écrive. Je vais donc essayer de structurer les très nombreux sentiments et impressions que m’ont inspirés ce livre.

En réalité, je ne devrais pas parler de livre, mais plutôt de chef-d’oeuvre, tant visuel que textuel. Ce récit de Pierre Bottero est une véritable merveille ; d’un bout à l’autre de l’histoire, le lecteur est transporté, comprend peu à peu les tenants et aboutissants du récit. On est tout d’abord émerveillés par la plume si poétique de l’auteur, Pierre Bottero, fidèle à lui-même. Son style d’écriture si particulier, si reconnaissable, est composé de phrases courtes mais si pleines de merveilles et de beauté qu’on s’y plonge entièrement pour n’en ressortir qu’avec regret. Le récit en lui-même, ensuite, est entraînant d’abord : l’univers étrange et coloré intrigue le lecteur, avant de l’emporter plus en avant dans un récit qui devient poignant au point de parfois (même souvent dans mon cas) nous faire verser quelques larmes.

Mais ce livre est également un superbe petit joyau, visuellement parlant : les illustrations sont sublimes, très représentatives des idées véhiculées par le texte. Ensuite, le texte lui-même est présenté avec de très nombreux (et réussis !) effets de typographie : polices qui varient de tailles et de couleurs, couleurs qui s’accordent au texte et aux illustrations, incrustations de textes dans les images… Je tiens à préciser aussi la présence de quelques pages dépliantes destinées presque uniquement aux illustrations, qui dissimulent d’abord la scène avant d’en dévoiler toute sa profondeur et sa beauté une fois dépliée. Trolls, elfes, centaures et diverses plantes merveilleuses se côtoient au fil des pages pour émerveiller le lecteur et lui rappeler que la frontière entre la réalité et l’Imaginaire est peut-être bien plus fine que l’on pourrait le croire…

Une autre petite précision : si vous avez lu les deux trilogies Ewilan, Le Pacte des Marchombres ou encore L’Autre du même auteur, vous trouverez dans ce livre de nombreuses références aux univers de ces trilogies, notamment en ce qui concerne les différentes créatures que l’on croise au fil des pages… Ce livre est aussi, comme on s’en rend compte à la fin, l’histoire de l’un des personnages mineurs de ces sagas.

Je sais que certains pourraient penser que ce livre est plutôt fait pour les enfants, ou les jeunes adolescents. Mais croyez-moi, les thèmes et idées abordés dans cet ouvrage sont adaptés à tous les âges. De plus, manquer un chef-d’oeuvre pareil sous prétexte que l’on est « trop vieux » pour lire ce genre de livre serait à mes yeux un véritable sacrilège. Pour moi, Pierre Bottero reste à ce jour l’un des plus grands auteurs francophones de fantasy.

A bon entendeur…

~ Galinean ~

Note : ✭✭✭✭✭